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dimanche 15 juin 2014

Grève des cheminots : la contre-réforme proposée par les syndicats CGT et SUD-Rail

Réforme ferroviaire :
la contre-réforme de la plateforme unitaire CGT et Sud-rail.

Extrait de l'Humanité, dimanche 15 Juin 2014.
Les Fédérations Syndicales représentatives des cheminot CGT, UNSA, SUD-Rail ont travaillé conjointement et décidé d’élaborer unitairement une plateforme revendicative. Nous n’avons pas attendu le projet de loi d’octobre 2013 pour affirmer qu’une profonde réforme du système ferroviaire est nécessaire. La rupture de 1997 avec l’éclatement de la SNCF pour créer RFF, la privatisation du transport ferroviaire de fret depuis 2003, la casse de l’entreprise publique orchestrée par la direction SNCF à travers l’émiettement en Activités de plus en plus autonomes, la multiplication des filiales et la généralisation de la sous -traitance, justifient notre exigence d’une changement radical de politique. La situation vécue par les usagers Fret et Voyageurs comme par les cheminot (e)s, montre la nécessité d’une réforme. Celle-ci doit répondre aux attentes de la population en matière de service public de transports, de politique environnementale et d’aménagement du territoire , tout en garantissant un haut niveau social pour tou(te)s les cheminots.

Voir tract ci-dessous (cliquer sur l'image pour l'agrandir) :


Le train de la modernité

L’Assemblée nationale commencera l’examen, la semaine prochaine, du projet de loi portant réforme ferroviaire, qui vise à réunir sous un même établissement public Réseau ferré de France, chargé de la construction et de l’entretien des voies, et la SNCF, chargée d’y faire circuler des trains.
Ce texte a suscité un mouvement de grève chez les cheminots, inquiets des risques de privatisation de la SNCF qu’il pourrait contenir, et qui entendent également protester contre les fermetures de lignes, les suppressions de services, notamment concernant le fret, ainsi que le manque de personnel et de matériels de réserve, ce qui pénalise les voyageurs.
Ces préoccupations seront d’autant plus portées dans l’hémicycle par les députés Front de gauche qu’elles rejoignent celles des usagers, très critiques notamment vis-à-vis de la politique commerciale de la SNCF. Car le train, en quelques années, est devenu un produit de luxe hors de portée de bien des familles qui ne peuvent même plus se reporter sur les trains « corails » abandonnés par la SNCF, tandis que les salariés subissent quotidiennement les TER et les RER surchargés, dont les horaires sont pour le moins aléatoires.
Le premier effet de cette politique commerciale en phase avec l’intérêt de l’entreprise SNCF, mais contradictoire avec l’intérêt général, c’est de favoriser d’autres modes de transport finalement moins cher pour les usagers, comme l’avion ou la voiture, pourtant autrement plus polluants que le train, ce qui est une aberration à l’heure de la transition écologique.
Cette politique tarifaire si critiquable est en grande partie liée à la dette des entités SNCF-RFF, qui avoisine les 40 milliards d’euros et qui sert d’épouvantail pour, dans un premier temps, expliquer la détérioration du service et, dans un second temps, imposer dans les esprits la privatisation du rail.
Une telle démarche est inadmissible. Elle néglige le fait que la route, plus encore que le rail, est largement subventionnée par la collectivité qui prend en charge, par exemple, la construction et l’entretien des routes. Elle ne prend pas davantage en compte les considérables impacts sanitaires et environnementaux de l’automobile. Ce sont ces moyens publics qui ont notamment permis l’essor du transport routier de marchandise, au détriment d’une part de la sécurité des automobilistes, et d’autre part du fret ferroviaire, aujourd’hui moribond dans notre pays bien qu’il soit nettement plus sécurisant et moins polluant que le transport routier.
C’est pourquoi, lors de l’examen de ce projet de loi, les députés Front de gauche présenteront des amendements pour renforcer le service public ferroviaire et sa contribution à la solidarité nationale comme au développement durable. Car ce texte ne concerne pas un simple moyen de transport : c’est un véritable projet de société qu’il dessine.
Jacqueline Fraysse