15 mars 1944 demandez le programme !
Le Conseil national de la Résistance à Paris septembre 1944*
« Les
Jours Heureux » et la naissance de la RATP
Le 15 mars 1944, le programme du Conseil national de la Résistance intitulé « Les Jours Heureux » appelait à libérer la France de l’occupant et à éradiquer la Collaboration avec les nazis. Il préconisait aussi des mesures politiques et économiques après la Libération : les créations de la Sécurité sociale et des comités d’entreprise, le statut de la Fonction publique, la liberté de la presse, les nationalisations de Renault, d’Air France, de l’EDF et des deux sociétés privées de transports parisiens, la CMP et la STCRP. La RATP est créée en 1949.
Initié clandestinement en mai 1943 par Jean Moulin, le Conseil National de la Résistance est composé de partis politiques, du PCF à la droite en passant par les socialistes de la SFIO et les radicaux, des mouvements de Résistance et des syndicats CFTC et CGT. Le CNR a établi unanimement son projet dans la même clandestinité en mars 1944. « Les Jours Heureux » appelaient à la libération du territoire et à approfondir la démocratie par la création de la Sécurité sociale et des comités d'entreprise, entre autres. Outre les œuvres sociales des entreprises, les nouveaux CE endossaient le rôle d’experts comptables, sans pour autant cogérer l’entreprise.
Quelle était la situation des transports en Région parisienne ? La Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris, la CMP, et la Société des Transports en Commun de la Région Parisienne, la STCRP, avaient été fusionnées dès 1942 par le gouvernement de Vichy. Absorbée par la CMP, soit le strict métro parisien intra-muros, la STCRP, chargée des autobus en banlieue, périclitait : seul un tiers des autobus fonctionnait, contrairement au métro très fréquenté. Le réseau de surface subissait aussi le manque de personnels (agents prisonniers de guerre, résistants dans la clandestinité ou déportés dans les camps ou au STO). De plus, le carburant était rare et le tramway avait été supprimé avant-guerre. À la Libération, seul un quart des bus fonctionnait, car une grande partie d’entre eux ci avaient été réquisitionnés pour le front. La remise en service normal du réseau routier n'a pas été évidente. Mais si les bus étaient mal en point, les métros aussi, faute d'entretien durant les années de l’Occupation : le manque de graisses pour les parties mécaniques avait fait souffrir tous les matériels. Dès la Libération en 1944, l'effort de l'État se porte davantage sur les bus que sur les métros.
La nationalisation de la CMP découle de plusieurs choses : sa collaboration avec les nazis, notamment en dénonçant leurs propres agents résistants et/ou juifs et en louant leurs ateliers, dont la moitié de Championnet, aux nazis - factures à l’appui - pour la maintenance des véhicules de la Wehrmacht. Logiquement, le nouveau gouvernement l’a destituée de son rôle de transporteurs en privilégiant une entreprise publique.
La RATP fut créée tardivement : ce fut d’abord l’administration provisoire des transports parisiens en 1945, puis l’office régional des transports parisiens en 1948, et enfin la Régie autonome des transports parisiens au 1er janvier 1949. L’idée d’une nationalisation – du seul réseau bus – remontait au Front Populaire en 1936, mais sans suite. En 1946, un projet de nationalisation de tous les transporteurs (métro, autobus et taxis) initié par le PCF et le MRP a échoué à cause de la Guerre froide qui s’amorçait.
Dans ces conditions, le comité d'entreprise de la RATP découle du programme du CNR et de l’ordonnance de février 1945. Chronologiquement, créé en 1947, soit bien avant la RATP, le futur CE a d’abord existé sous le nom de « comité de gestion provisoire des œuvres sociales de la CMP ». Le statut des agents de la RATP date de 1950 et doit son existence à une forte mobilisation des agents. Ce statut prévoyait divers droits – et devoirs -, dont la retraite plus tôt en compensation des très bas salaires des agents et eu égard aux horaires décalés. En 1953, le gouvernement a tenté de réformer ce régime spécial en l’alignant sur le régime général, mais il a échoué à cause d’une forte mobilisation des salariés de la RATP. Comme en 1995.
* Photo du Conseil national de la Résistance :
De gauche à droite : Robert Chambeiron (secrétaire général adjoint), Pierre Meunier (secrétaire général), Auguste Gillot (PCF), Joseph Laniel (Alliance démocratique), Henri Ribière (Libération Nord), Jacques Lecompte-Boinet (Ceux de la Résistance), Gaston Tessier (CFTC), Pierre Villon (Front national de la Résistance), Georges Bidault (président), André Mutter (Ceux de la Libération), Louis Saillant (CGT), Pascal Copreau (Libération Sud), Paul Bastid (Parti radical), Daniel Mayer (SFIO), Jean-Pierre Lévy (Franc-Tireur) et Jacques Debû-Bridel (Fédération républicaine)... Sont absents sur la photo : les représentants de "Combat" et de l'O.C.M.
* Photo du Conseil national de la Résistance :
De gauche à droite : Robert Chambeiron (secrétaire général adjoint), Pierre Meunier (secrétaire général), Auguste Gillot (PCF), Joseph Laniel (Alliance démocratique), Henri Ribière (Libération Nord), Jacques Lecompte-Boinet (Ceux de la Résistance), Gaston Tessier (CFTC), Pierre Villon (Front national de la Résistance), Georges Bidault (président), André Mutter (Ceux de la Libération), Louis Saillant (CGT), Pascal Copreau (Libération Sud), Paul Bastid (Parti radical), Daniel Mayer (SFIO), Jean-Pierre Lévy (Franc-Tireur) et Jacques Debû-Bridel (Fédération républicaine)... Sont absents sur la photo : les représentants de "Combat" et de l'O.C.M.