Malgré notre proposition faite il y a un mois d'opérer entre listes concurrentes un partage raisonnable des panneaux municipaux pour les affiches électorales, malgré aussi les protestations réitérées de plusieurs listes en lice face aux pratiques des colleurs du PS de Pantin, Bertrand Kern a continué à entraver la libre expression politique dans notre ville en faisant recouvrir systématiquement sur tous les panneaux les affiches de ses concurrents (à une exception près, qu'on évoquera plus loin). "Kern partout, démocratie nulle part !" ironisions-nous sur le réseau Twitter, nous demandant pourquoi not' bon maire avait si peur de laisser ses concurrents se faire connaître par voie d'affiches.
Nous avons cependant résisté à ce rouleau compresseur, recollant obstinément une ou deux affiches — pas plus — par panneau, afin de ne pas tomber dans le style bourrin kernien qui consiste à envahir la totalité de l'espace d'affichage de 6 affiches identiques. Comme certains prédateurs marquent leur territoire d'un jet d'urine, le maire de Pantin veut sans doute montrer avec ses omniprésentes affiches que notre ville est sa chasse gardée, sa propriété personnelle. Aucun autre candidat ne doit donc y apparaître, à l'exception notable et singulière de la liste de Lutte Ouvrière qu'on eût pu croire moins encline à accointance avec un "réformiste chien de garde du Capital" aux petits soins pour les "exploiteurs" (Nexity, Veolia, BNP, Hermès, comme s'en amusa un temps une page parodique confidentielle sur Facebook, qui n'était pas de notre fait mais qui irrita beaucoup — paraît-il — l'entourage de Monsieur Kern, décidément aux aguets, voire inquiet).
Depuis quelques jours, les visées hégémoniques du maire-candidat ont pris des proportions ridicules : les colleurs du PS passent et repassent à toute heure en voiture (sans se soucier du pic de pollution), plusieurs fois par jour, pour recouvrir intégralement les panneaux ou décoller toute affiche d'une autre liste que celle du candidat gouvernemental ou de LO. Mardi 11 mars 2014, un militant du Front de Gauche prit justement sur le fait un quidam en train de décoller consciencieusement une affiche de notre liste "Pantin à Gauche, l'humain d'abord !" Comme le camarade lui signifiait que ce qu'il faisait n'était pas très démocratique, celui-ci rétorqua : "vous, vous recouvrez bien celles de LO", ce qui était évidemment faux" (il en avait la preuve sous les yeux). Notre camarade lui demanda s'il était colleur pour LO. L'homme commença par acquiescer puis répondit qu'il collait "pour tout le monde", avouant au passage être "payé" pour cela. Mais il reconnut ensuite travailler pour Bertrand Kern, faisant même observer qu'on pouvait le voir sur l'affiche de ce dernier, à sa gauche, habillé en blanc. En fait, ce personnage — désormais public, donc — est connu aussi pour être employé de Pantin Habitat comme gardien d'immeuble. Ayant aperçu un militant d'EELV qui s'approchait et le prenait en photo, l'homme s'énerva, fit un geste obscène et insulta celui-ci, le qualifiant notamment de "traître". Notre camarade et le militant d'EELV essayèrent malgré tout d'entamer le dialogue avec lui et de lui demander de respecter la liberté d'expression et la démocratie en ne recouvrant pas systématiquement les affiches des autres candidats lorsqu'il y avait déjà plusieurs affiches du sien sur un panneau.
L'homme montra alors qu'outre employé du maire, figurant, colleur et décolleur d'affiches, il était aussi idéologue et stratège au Parti dit socialiste de Pantin. Il expliqua en effet qu'il aimait bien LO, qui "prenait des voix au Front de Gauche", que le Front de Gauche pouvait laisser à la rigueur une affiche (mais pas deux) par panneau (dans les faits, toutes les affiches du FdG, seules ou par deux, sont systématiquement recouvertes ou arrachées), mais que pour ces "traîtres de Verts", il ne laisserait rien passer, qu'il avait reçu "des ordres" en ce sens. Il se lança ensuite dans une audacieuse analyse politique d'où il ressortait que Bertrand Kern serait réélu dès le premier tour, c'était sûr, et que les Verts allaient payer cher leur "trahison". Lorsque notre camarade lui demanda pourquoi mettre une telle énergie à recouvrir tous les panneaux d'affichage si vraiment la victoire était acquise au maire sortant, ce militant trotsko-kernien ne sut quoi répondre.
Il lui fallait peut-être du renfort, et celui-ci arriva dès le lendemain, en la personne du camarade Mathieu Monot, secrétaire de la section socialiste de Pantin, qui se fendit pour l'occasion d'une lettre ouverte dont le style byzantin atteint un niveau qui ne saurait être égalé que par les plus hautes autorités solfériniennes. Le camarade Monot affirme en effet que le résultat d'une élection municipale "ne se joue pas sur le terrain d'une campagne d'affichage, si intensive soit-elle". A l'en croire, le matraquage intensif qu'il confie par exemple à l'employé de Pantin Habitat décrit plus haut ne relèverait que d'un "rite" (un peu folklorique) qui ne viserait pas (ou si peu) à emporter les suffrages des Pantinois. On ne peut que souligner la cohérence idéologique propre à la section socialiste de Pantin, le camarade Monot disant finalement — avec ses mots à lui — la même chose que son camarade colleur d'affiches : l'affichage est sans grande importance, d'autant plus que Bertrand Kern est déjà réélu au premier tour (même si les Pantinois, qui n'ont pas encore voté, l'ignorent encore), et c'est bien pourquoi le PS consacre une si grande énergie à recouvrir d'affiches nuit et jour (dès 5h du matin) les panneaux de la ville et à ne laisser visible aucune affiche des listes pouvant escompter être en capacité de jouer un rôle au 2ème tour. Voilà une belle histoire à dormir debout, de quoi amuser les enfants en attente de place en crèche publique (4 sur 5). Le camarade Monot qui fait déverser des litres de colle sur des kilos de papier par (au moins) un employé de l'office HLM de Pantin (qui pendant ce temps-là n'est pas présent sur son lieu de travail) parcourant la ville en voiture plusieurs fois par jour (en plein pic de pollution) se déclare "soucieux du cadre de vie de nos concitoyens et respectueux du travail des agents en charge de l’entretien de la commune". Dès lors, on mesure mieux le poids réel que peuvent avoir les prétendus "écologistes" rassemblés sur la liste de Bertrand Kern dans cette campagne. A moins que ces "écologistes"-là ne soient adeptes du gâchis de colle et de papier, de la surconsommation d'énergies fossiles ainsi que de la pollution aux gaz d'échappement. Après tout, le Parti dit "Socialiste" est bien adepte de l'austérité néo-libérale.
La lettre du camarade Monot contient aussi un brillant contrefeu de nature à faire pâlir de jalousie Manuel Valls, pourtant expert en la matière : incapable de justifier sérieusement le pathétique acharnement du PS pantinois à couvrir la ville de ses affiches hors de toute proportion raisonnable, il tente sans craindre le ridicule de détourner l'attention en accusant ses concurrents de "coller leurs affiches et autocollants sur les murs, les cabines téléphoniques de la commune ou encore sur le local de la section du parti socialiste" (accusation relayée plus tard sur Twitter). Et d'exhiber quatre improbables clichés d'affiches ou autocollants du FdG, d'EELV ou de l'UMP collés à des endroits non-autorisés. Le procédé est habile mais trop grossièrement réalisé : en effet, les Pantinois-e-s qui ne sont pas complètement demeuré-e-s ont bien vu qui occupait entièrement et sans partage l'espace urbain avec ses affiches, contraignant peut-être ça et là certains colleurs exaspérés à sortir des cadres impartis, mais le camarade Monot ne fera croire à personne que ses concurrents dégradent le mobilier urbain, cela d'autant plus qu'aux quatre photographies qu'il exhibe en guise de preuves, on peut très bien ajouter au moins une cinquième montrant une affiche de la liste de Bertrand Kern collée sur ce qui semble être un poste électrique (voir photo ci-contre). L'arroseur est arrosé.
Le camarade Monot se hisse enfin au niveau des meilleurs praticiens de la morgue solférinienne en se permettant de nous inviter "à rencontrer nos concitoyens" car "ce qu’ils attendent de nous, ce sont d’abord des réponses aux problèmes qu’ils rencontrent dans leur vie quotidienne en matière de transports, de logement, d’éducation et d’emploi". Il se trouve que nous les rencontrons, nos concitoyens, lors de nos réunions, de nos tractages, de nos porte à porte, que nous les écoutons, nous (nous ne les consultons pas par carte T) et que ce que nous entendons le plus souvent, c'est un très fort mécontentement auquel nous apportons une réponse de gauche, citoyenne, solidaire, coopérative et écologiste dans nos nombreux tracts et dans les 119 propositions de notre programme municipal.
Des militants du PS, oublieux sans doute du fait que les sociaux-démocrates européens font partout alliance avec la droite, nous ont accusés sur Twitter de faire à Pantin alliance avec la droite sous prétexte que le candidat de l'UMP lui aussi proteste contre les méthodes du candidat gouvernemental de l'austérité. Mais alors que le gouvernement Ayrault et le président Hollande appliquent en France la politique de droite qui a déjà échoué partout, il suffit de lire notre programme pour Pantin et de le comparer avec les propositions de l'UMP pour vérifier qu'aucune alliance n'est possible entre nous. En revanche, les camarades socialistes pourraient tout de même se demander pourquoi leurs méthodes font l'unanimité contre elles, du FdG à l'UMP en passant par EELV. C'est tout simplement que ces méthodes brutales et sourdes, à visée hégémonique, ne sont pas dignes de la démocratie locale. Les Pantinois peuvent vérifier chaque jour sur les panneaux d'affichage de leur ville quel est le sens du dialogue, de l'écoute et du pluralisme du maire sortant. Nous, avec la liste "Pantin à gauche, l'humain d'abord !", nous voulons faire de la politique autrement et rompre avec les vieilles méthodes autocratiques liées à la 5ème République. Nous savons comment faire : la preuve dans nos propositions. Demandez le programme ! Et le 23 mars (pour commencer), votez pour la liste conduite par Jean-Pierre Henry et Clara Pinault.