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samedi 6 décembre 2014

Tribune de nos élus dans Canal de décembre 2014 (version longue)

Le journal municipal Canal limite drastiquement le nombre de caractères des tribunes politiques et n'offre pas de possibilité aux Pantinois de s'exprimer via un courrier des lecteurs. C'est pourquoi nous profitons des facilités de ce blog pour vous présenter ici la version longue "uncut" de notre tribune, à laquelle nous invitons nos lecteurs à répondre en écrivant leurs propres commentaires.

Vite la 6e République !

En mars 2014, la liste conduite par Bertrand Kern a été élue par une petite minorité de Pantinois (22,41% des inscrits), ce qui lui a permis de récolter 77,77% des sièges de conseillers municipaux (et outre le poste de maire, 100% des postes d'adjoints). Cette majorité minoritaire de Pantin va pouvoir prendre des décisions durant 6 ans sans avoir à tenir compte de l'avis des citoyens, et à l'instar du président de la République, sans jamais risquer de devoir se soumettre à un referendum révocatoire. Dernièrement, le conseil municipal a par exemple voté une augmentation des impôts locaux qui ne figurait nulle part dans le programme de la liste conduite par Bertrand Kern mais qui est destinée à compenser les effets de la saignée opérée par le gouvernement dans les budgets des collectivités locales (encore 11,5 milliards de moins d'ici à 2017, après les 3,5 milliards de baisse en 2014). Cette politique est votée et encouragée par la députée Elisabeth Guigou, députée dont Bertrand Kern est le suppléant, sans que celui-ci ait jamais fait mine de s'y opposer. Alors même qu'une voix de sa propre liste avait fait défaut cette année au maire pour son élection par le nouveau conseil municipal, il ne s'est trouvé aucun "frondeur" pour oser voter contre cette augmentation des impôts locaux ou même s'abstenir. Est-il bien sûr pourtant que les électeurs et militants socialistes approuvent entièrement cette mesure et l'austérité qu'elle vise à pallier sans même la dénoncer ?

  
A gauche, seuls les élus du FdG ont voté contre, et les élus écologistes se sont abstenus. Sur le budget, sur la fiscalité locale, sur la question des rythmes scolaires, sur le logement, sur l'urbanisme, sur la transition écologique, sur tout ce qui touche le quotidien des Pantinois, le maire et son équipe n'auront pas de compte à rendre avant 2020 et n'auront aucune obligation de consulter la population sur ce qui la concerne. Bien sûr, ce n'est pas le cas seulement à Pantin. Ce système de très faible intensité démocratique s'applique à toutes les communes de France, et se reproduit à tous les échelons de décision et de représentation politique. Ce système, c'est celui de la 5e République. Ce système est à bout de souffle. Il ne répond en rien aux attentes des citoyens qui désertent les bureaux de vote, tandis que l'extrême-droite (très mobilisée, elle) se nourrit des peurs et des haines engendrées par le chômage de masse, la précarité et la destruction des conquis sociaux. Le désastre démocratique ne peut que s'amplifier, à hauteur du désastre social, lors des prochaines échéances électorales.

Sur le plan local comme sur le plan national, il faut rompre avec cette monarchie de fait et refonder une République plus démocratique, plus proche des gens. La 5e République qui date de 1958 fut critiquée dès l'origine par la gauche, tant socialiste que communiste. En 2012, le programme "L'humain d'abord" du Front de Gauche réclamait lui aussi un changement de République et invitait le peuple à prendre le pouvoir. Depuis quelques années, des ateliers constituants se forment spontanément dans le pays. Aux élections municipales de 2014, la liste "Pantin à gauche, l'humain d'abord" proposait des mesures concrètes de démocratie locale, dont un véritable journal municipal au service du public, des comités citoyens. Aujourd'hui, des dizaines de milliers de personnes demandent la possibilité de révoquer les élus et la convocation d'une assemblée constituante à travers le m6r (Mouvement pour la 6e République). 

Parmi les signataires notoires, des artistes et des intellectuels de renom (dont Christian Salmon, Judith Bernard, Pascale Fautrier, Ariane Ascaride, Robert Guédiguian, Gérald Dahan, Laurent Binet, Gérard Mordillat), des syndicalistes (dont Georges Séguy), des féministes (dont Christine Delphy), des militants du Front de Gauche (dont Marie-George Buffet du Parti Communiste Français, Jean-Luc Mélenchon du Parti de Gauche) mais aussi de Nouvelle Donne (dont Isabelle Attard), de Europe Ecologie-Les Verts (dont Julien Bayou, Elise Lowy, Jérôme Gleyzes), ainsi qu'une cinquantaine de "socialistes affligés". Parmi ceux-ci, l'économiste Liêm Hoang Ngoc et Sylvain Mathieu, Premier secrétaire fédéral de la Nièvre. Il avait tout de même recueilli 32,8% des voix du Conseil National du Parti Socialiste face à Jean-Christophe Cambadélis pour le poste de Premier secrétaire du parti ! Le 15 novembre 2014, ceux-là, ainsi que l'aile gauche d'EELV, ont rejoint le collectif 3A pour manifester contre l'austérité.


A Pantin aussi, les lignes peuvent bouger. Les élus de Pantin ne sont pas condamnés à la caporalisation de la 5e République. Ils ont aussi le droit de voter en leur âme et conscience. Les citoyens ne sont pas tenus de remplir passivement de sempiternelles cartes T. Ils peuvent s'emparer du débat public, et faire entendre leur voix malgré les obstacles institutionnels. Les élus du FdG, qui les y invitent, sont déjà à leurs côtés.

Nous devons inventer d'autres modes d'investissement dans la vie et la politique de notre ville.
C'est à la population de s'inviter dans les débats et d'exiger que son avis soit pris en compte :
  • Souhaitons-nous une ville qui se densifie toujours plus ?
  • Souhaite-t-on que notre ville future soit imaginée et dessinée par des promoteurs et des « agences » (comme c'est le cas de la ZAC du Port et comme cela sera le cas pour le réaménagement et la reconstruction du quartier Méhul – à moins que nous en décidions autrement...) ?
  • Veut-on d'une ville qui se fabrique une station de ski alors même qu'augmente de 3% en moyenne le coût des vacances d'hiver pour les enfants pantinois ?

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