Jeudi 26 janvier, malgré le froid, les locataires du 21, rue
Auger sont nombreux à se rendre au salon d'honneur de la mairie. Pas loin d'une
cinquantaine de personnes sont présentes pour une présentation du projet de
rénovation de leur quartier. Ou plutôt de deux projets alternatifs, puisque
leur mécontentement rendu public par leurs actions et un article dans Le
Parisien, a forcé l'équipe municipale à revoir sa copie.
Face aux locataires, le maire, le premier adjoint, la
président de Pantin Habitat et le directeur de l'office. Le maire, parfaitement
à l'aise, présente à l'aide d'un powerpoint, deux versions du projet de
rénovation.
Le projet A, qu'il espère de ses vœux, est un projet
« lourd » : rénovation de la dalle, démolition du 21, rue Auger,
création sur ce foncier d'une placette arborée avec des équipements publics
(école maternelle, école élémentaire, maison de quartier entre autre). De quoi
métamorphoser un quartier « enclavé » (curieux concept pour un
quartier situé à moins de 5 minutes du métro, et à une porte de Paris, mais
enfin) et régler les problèmes d'insécurité.
Le projet B, qui interviendrait si décidément l'opposition
au projet A était insurmontable, est un projet a minima, avec rénovation
de la dalle, maintien de l'immeuble et résidentialisation.
Sans douté échaudé par l'accueil fait aux initiatives de
« communication » malheureuses qui ont précédé la réunion (notamment
la plaquette d'information distribuée dans les boites aux lettres présentant le
nouveau visage du quartier en rayant purement et simplement le 21, rue Auger),
le maire tente de désamorcer la colère des locataires. En l'écoutant, on ne
peut être que rassuré : le projet prendra au moins trois bonnes années
avant de se concrétiser. (Pourquoi avoir tenté de le faire adopter aux forceps
en agitant la date butoir du 31 décembre 2016, on se le demande...)
Et puis, il s'agit de l'intérêt commun dont il est
comptable : par leur sacrifice, les locataires du 21, rue Auger vont
permettre au quartier de se désenclaver, de dé-densifier ce quartier qui est le
plus dense de Pantin et de construire des équipements publics. Il termine son
intervention en annonçant la construction de logements, ce qui paraît pour le
moins contradictoire. D'ici à croire qu'il faut dé-densifier les logements
sociaux pour permettre à d'autres d'occuper l'espace...
Surtout, le maire met en avant les financements qui ne
manqueront pas d'être débloqués si le projet A est adopté : 5,
10 millions d'euros peut être, 50% du financement total de l'opération. Ce
financement permettrait d'engager la rénovation lourde de la dalle, gérée en
association syndicale libre, où aucun des copropriétaires (la Tour Essor,
Coopération et famille notamment) ne veut participer financièrement.
A ce moment-là, un malotru fait remarquer que c'est très
bien, surtout pour ceux qui resteront dans le quartier.
Mais le maire a eu vent que des « personnes
extérieures » sont venues manipuler les
locataires en leur racontant des contre-vérités. Or, les procédures de
relogement de l'ANRU sont très encadrées : maintien du même niveau de
loyer, prise en charge financière du déménagement notamment. Mais ce qu'il ne
précise pas, c'est que les locataires ont trois propositions au maximum, qu'il
n'y a aucune obligation concernant les charges (ce qui peut augmenter
notablement les dépenses des ménages) et que dans toutes les opérations de
relogement, des locataires restent sur le carreau. D'ailleurs, la présidente de
Pantin Habitat précise que l'obligation de relogement se fait dans un rayon de
5km. Mais comme on rase gratis ce soir-là, le maire tend la perche en
expliquant qu'il peut y avoir des relogements dans plus grand, des
décohabitations, etc. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient.
La suite de la réunion est un peu plus mouvementée car la
plupart des locataires sont en colère du manque de considération avec lequel
ils ont été traités, tant par les édiles que par leur bailleur.
Le maire explique que la concertation est en train de se
faire, qu'un atelier sur la démolition de l'immeuble est d'ores et déjà
programmé (sic !) et que si les locataires n'étaient décidément pas
convaincus, il y aurait une consultation sous forme d'un vote des locataires de
l'îlot 27.
Bien curieuse concertation : l'ANRU exige que les
habitants et les associations de locataires soient informées et concertées. A
moins de penser qu'un sondage, à partir de la présentation d'un seul projet,
avec 4 questions ineptes constitue une concertation.
La réunion de jeudi n'a rien réglé sur le fonds. D'ailleurs,
n'y-t-il que deux projets possibles ? On pourrait imaginer une démarche
autrement plus respectueuse que celle jusque-là menée par la municipalité de
Pantin, qui associe réellement les locataires du 21, rue Auger, les habitants
de l'îlot 27 qui sont également concernés, et les associations représentatives
des locataires.
D'autre projets ANRU, menés en réelle concertation avec les
habitants, sont des succès. La balle reste dans le camp de la municipalité. Et
les locataires ont bien l'intention de se faire entendre.
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