vendredi 31 mars 2017
lundi 30 janvier 2017
Démolition du 21, rue Auger Quand le Maire descend dans l’arène
Jeudi 26 janvier, malgré le froid, les locataires du 21, rue
Auger sont nombreux à se rendre au salon d'honneur de la mairie. Pas loin d'une
cinquantaine de personnes sont présentes pour une présentation du projet de
rénovation de leur quartier. Ou plutôt de deux projets alternatifs, puisque
leur mécontentement rendu public par leurs actions et un article dans Le
Parisien, a forcé l'équipe municipale à revoir sa copie.
Face aux locataires, le maire, le premier adjoint, la
président de Pantin Habitat et le directeur de l'office. Le maire, parfaitement
à l'aise, présente à l'aide d'un powerpoint, deux versions du projet de
rénovation.
Le projet A, qu'il espère de ses vœux, est un projet
« lourd » : rénovation de la dalle, démolition du 21, rue Auger,
création sur ce foncier d'une placette arborée avec des équipements publics
(école maternelle, école élémentaire, maison de quartier entre autre). De quoi
métamorphoser un quartier « enclavé » (curieux concept pour un
quartier situé à moins de 5 minutes du métro, et à une porte de Paris, mais
enfin) et régler les problèmes d'insécurité.
Le projet B, qui interviendrait si décidément l'opposition
au projet A était insurmontable, est un projet a minima, avec rénovation
de la dalle, maintien de l'immeuble et résidentialisation.
Sans douté échaudé par l'accueil fait aux initiatives de
« communication » malheureuses qui ont précédé la réunion (notamment
la plaquette d'information distribuée dans les boites aux lettres présentant le
nouveau visage du quartier en rayant purement et simplement le 21, rue Auger),
le maire tente de désamorcer la colère des locataires. En l'écoutant, on ne
peut être que rassuré : le projet prendra au moins trois bonnes années
avant de se concrétiser. (Pourquoi avoir tenté de le faire adopter aux forceps
en agitant la date butoir du 31 décembre 2016, on se le demande...)
Et puis, il s'agit de l'intérêt commun dont il est
comptable : par leur sacrifice, les locataires du 21, rue Auger vont
permettre au quartier de se désenclaver, de dé-densifier ce quartier qui est le
plus dense de Pantin et de construire des équipements publics. Il termine son
intervention en annonçant la construction de logements, ce qui paraît pour le
moins contradictoire. D'ici à croire qu'il faut dé-densifier les logements
sociaux pour permettre à d'autres d'occuper l'espace...
Surtout, le maire met en avant les financements qui ne
manqueront pas d'être débloqués si le projet A est adopté : 5,
10 millions d'euros peut être, 50% du financement total de l'opération. Ce
financement permettrait d'engager la rénovation lourde de la dalle, gérée en
association syndicale libre, où aucun des copropriétaires (la Tour Essor,
Coopération et famille notamment) ne veut participer financièrement.
A ce moment-là, un malotru fait remarquer que c'est très
bien, surtout pour ceux qui resteront dans le quartier.
Mais le maire a eu vent que des « personnes
extérieures » sont venues manipuler les
locataires en leur racontant des contre-vérités. Or, les procédures de
relogement de l'ANRU sont très encadrées : maintien du même niveau de
loyer, prise en charge financière du déménagement notamment. Mais ce qu'il ne
précise pas, c'est que les locataires ont trois propositions au maximum, qu'il
n'y a aucune obligation concernant les charges (ce qui peut augmenter
notablement les dépenses des ménages) et que dans toutes les opérations de
relogement, des locataires restent sur le carreau. D'ailleurs, la présidente de
Pantin Habitat précise que l'obligation de relogement se fait dans un rayon de
5km. Mais comme on rase gratis ce soir-là, le maire tend la perche en
expliquant qu'il peut y avoir des relogements dans plus grand, des
décohabitations, etc. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient.
La suite de la réunion est un peu plus mouvementée car la
plupart des locataires sont en colère du manque de considération avec lequel
ils ont été traités, tant par les édiles que par leur bailleur.
Le maire explique que la concertation est en train de se
faire, qu'un atelier sur la démolition de l'immeuble est d'ores et déjà
programmé (sic !) et que si les locataires n'étaient décidément pas
convaincus, il y aurait une consultation sous forme d'un vote des locataires de
l'îlot 27.
Bien curieuse concertation : l'ANRU exige que les
habitants et les associations de locataires soient informées et concertées. A
moins de penser qu'un sondage, à partir de la présentation d'un seul projet,
avec 4 questions ineptes constitue une concertation.
La réunion de jeudi n'a rien réglé sur le fonds. D'ailleurs,
n'y-t-il que deux projets possibles ? On pourrait imaginer une démarche
autrement plus respectueuse que celle jusque-là menée par la municipalité de
Pantin, qui associe réellement les locataires du 21, rue Auger, les habitants
de l'îlot 27 qui sont également concernés, et les associations représentatives
des locataires.
D'autre projets ANRU, menés en réelle concertation avec les
habitants, sont des succès. La balle reste dans le camp de la municipalité. Et
les locataires ont bien l'intention de se faire entendre.
jeudi 13 octobre 2016
Quand les habitants se mobilisent !
Bonjour à toutes et tous,
Dans deux quartiers, aux
Quatre Chemins et sur la Place Olympe de Gouges, les habitants se
mobilisent en ce moment pour protéger et améliorer les conditions du
vivre ensemble à Pantin.Aux Quatre Chemins, le passage Forceval (piéton) deviendrait un parking à camions pour dépolluer Paris. Et Pantin alors ?
Lire l'article du Parisien en cliquant ici.
Signez la pétition en cliquant là.
Sur la Place Olympe de Gouges, les habitants souhaitent un lieu collectif dans la Pavillon, à la place d'un resto gastro inaccessible.
Lire le texte de la pétition et la signer en cliquant ici.
Une réunion publique en présence de M. le Maire a lieu Lundi
17 Octobre à 19h à la maison de quartier Mairie - Ourcq (12, rue
Scandicci) sur l'avenir du quartier de l'Îlot 27, tout proche de la
Place Olympe de Gouges. Cf pièce jointe.
lundi 5 septembre 2016
Macron ou le rêve de l’ubérisation heureuse
Par
Daniel Schneidermann
—
Savoir démolir le code du travail avec le sourire : c’est la mission du nouveau démissionnaire du gouvernement.
Ce n’est pas une information ordinaire. C’est la Grâce en
personne, qui foudroie le plateau de BFM TV en fin de matinée, quand se
confirme la nouvelle : dans quelques heures, Emmanuel Macron va
démissionner du gouvernement. Ils sont là, le trio des permanents,
Julien Arnaud, Laurent Neumann, Ruth Elkrief, les incrustés du soir et
du matin, et c’est comme si instantanément ils se mettaient en marche
eux aussi, portant vers la pauvre étable l’or, la myrrhe et l’encens.
Extatique, Elkrief raconte une anecdote : voici quelques jours, elle
faisait quelques pas avec Lui, attendant banalement le début d’une
interview. Et là, miracle : l’ancien banquier d’affaires s’est mis à
serrer les mains des simples mortels. Toutes les mains. Jusqu’à la
dernière. Et ça m’a rappelé quelqu’un, raconte la journaliste : Jacques
Chirac. Fascination, devant l’écran, d’assister à la naissance d’une
bulle. Comme elle va gonfler et gonfler encore, dans les semaines qui
viennent, scintillante, irrésistible. Vous imaginez ? Il serre des
mains. Il rencontre des vraies gens. Et il semble aimer ça. Il faut les
voir, tous, extatiques, incrédules, perplexes, autour du berceau,
formant attroupement entre le bœuf et l’âne gris. Mais de qui
célèbrent-ils la naissance ? Le messie Macron concentre toutes les
qualités. Il est moderne. Il est sympathique. Il veut réformer, mais
avec le sourire, pas comme ces grincheux de Valls ou de Juppé, pas comme
cet hystérique de Sarkozy, pas comme ce pisse-froid de Le Maire, pas
comme ce mollusque de Hollande.
D’autant que Macron fait plus fort encore que Chirac. Quelques jours plus tard, à la foire de Châlons-en-Champagne où s’est rendu le démissionnaire pour s’immerger dans la population des agriculteurs en détresse, la même chaîne a isolé une séquence. Une agricultrice l’aborde. C’est la figure même de la détresse. Elle est à trois ans de la retraite. Elle n’y arrive plus. «Que pouvez-vous faire ?» demande Macron. Rien. Sinon, souffle la dame, «se passer la corde au cou». Macron reste sans voix. Simplement, il pose sa main sur le bras de la désemparée. Son Sauveur la touche : c’est trop d’émotion pour elle. Surgissent les larmes. «Aidez-nous.» Pour toute réponse, il lui claque deux bises. «Je n’ai pas de réponse à la situation de cette dame, confie-t-il quelques mètres plus loin aux nombreux journalistes présents. Ce qui est dur, c’est ce que vit cette dame. La facilité, ce serait de lui donner une réponse ou de lui faire une promesse que je ne pourrai pas tenir. Faire de la politique, ce n’est pas avoir une solution à tout. C’est aussi prendre tout ce qui se passe dans sa complexité et essayer d’apporter des réponses structurées. Aujourd’hui, je n’en ai pas pour ce qu’elle vit.»
Autrement dit, il est paumé, comme Jospin face aux ouvriers de LU, voici quelques siècles, dans une autre séquence d’anthologie. Mais qui lui en tiendrait rigueur ? Au contraire, BFM salue sa «franchise».
C’est la Bonne Nouvelle que les journalistes n’attendaient plus : la Réforme, leur Réforme, enfin ce que François Lenglet, Dominique Seux et les autres appellent la Réforme, c’est-à-dire le recul de l’âge de la retraite, la suppression des 35 heures, l’ouverture des magasins le dimanche, la suppression des «situations acquises», la révision du statut des fonctionnaires, la précarité généralisée, bref la démolition générale du code du travail, sera souriante. Et avec les dents du bonheur en cadeau bonus. Il y avait quelque chose d’invendable, un grumeau qui ne passait pas, dans le discours gattazien habituel. L’ubérisation heureuse, voilà le rêve à portée de mains. C’est vrai. Pourquoi un licenciement économique devrait-il être cruel ? Pourquoi la mise à mort du CDI ne pourrait-elle pas se faire dans le respect et la tendresse ? Pourquoi une faillite devrait-elle être amère ? Pourquoi tout le monde ne serait-il pas milliardaire ? Pourquoi Pôle emploi ne se reconvertirait-il pas en Pôle bisous ?
Daniel Schneidermann
D’autant que Macron fait plus fort encore que Chirac. Quelques jours plus tard, à la foire de Châlons-en-Champagne où s’est rendu le démissionnaire pour s’immerger dans la population des agriculteurs en détresse, la même chaîne a isolé une séquence. Une agricultrice l’aborde. C’est la figure même de la détresse. Elle est à trois ans de la retraite. Elle n’y arrive plus. «Que pouvez-vous faire ?» demande Macron. Rien. Sinon, souffle la dame, «se passer la corde au cou». Macron reste sans voix. Simplement, il pose sa main sur le bras de la désemparée. Son Sauveur la touche : c’est trop d’émotion pour elle. Surgissent les larmes. «Aidez-nous.» Pour toute réponse, il lui claque deux bises. «Je n’ai pas de réponse à la situation de cette dame, confie-t-il quelques mètres plus loin aux nombreux journalistes présents. Ce qui est dur, c’est ce que vit cette dame. La facilité, ce serait de lui donner une réponse ou de lui faire une promesse que je ne pourrai pas tenir. Faire de la politique, ce n’est pas avoir une solution à tout. C’est aussi prendre tout ce qui se passe dans sa complexité et essayer d’apporter des réponses structurées. Aujourd’hui, je n’en ai pas pour ce qu’elle vit.»
Autrement dit, il est paumé, comme Jospin face aux ouvriers de LU, voici quelques siècles, dans une autre séquence d’anthologie. Mais qui lui en tiendrait rigueur ? Au contraire, BFM salue sa «franchise».
C’est la Bonne Nouvelle que les journalistes n’attendaient plus : la Réforme, leur Réforme, enfin ce que François Lenglet, Dominique Seux et les autres appellent la Réforme, c’est-à-dire le recul de l’âge de la retraite, la suppression des 35 heures, l’ouverture des magasins le dimanche, la suppression des «situations acquises», la révision du statut des fonctionnaires, la précarité généralisée, bref la démolition générale du code du travail, sera souriante. Et avec les dents du bonheur en cadeau bonus. Il y avait quelque chose d’invendable, un grumeau qui ne passait pas, dans le discours gattazien habituel. L’ubérisation heureuse, voilà le rêve à portée de mains. C’est vrai. Pourquoi un licenciement économique devrait-il être cruel ? Pourquoi la mise à mort du CDI ne pourrait-elle pas se faire dans le respect et la tendresse ? Pourquoi une faillite devrait-elle être amère ? Pourquoi tout le monde ne serait-il pas milliardaire ? Pourquoi Pôle emploi ne se reconvertirait-il pas en Pôle bisous ?
Daniel Schneidermann
vendredi 12 août 2016
La provoc annuelle de "Challenges" : le palmarès des fortunes
- 11 août 2016
- Par YVES FAUCOUP
- Blog : Social en question
"Challenges" vient de publier, comme chaque année,
son palmarès des 500 plus grosses fortunes de France. Les 12 en tête du
classement possèdent une fortune de 194 milliards d'euros, qui a
progressé de 28 milliards en un an, soit + 16,9 %. L'étalage de
richesse, auquel se livre le magazine du fric, ne pose pas que la
question de l'indécence : ici comme ailleurs, il joue une fonction de
sidération.
Challenges fait preuve d'une certaine pudeur : le patrimoine global des 500 Français les plus riches "n'a presque pas évolué en un an", écrit-il. Sans pour autant publier le chiffre : en 2014, c'était 390 milliards ; en 2015, 460 et en 2016 on ne sait, sinon une petite courbe qui laisse presque transparaître une légère baisse. Je me coltine le calcul et je trouve 458, 6 milliards. Donc une très légère baisse (on aura noté que les 500 possèdent une fortune supérieure au budget de l'Etat). Challenges est un peu déchiré : on veut faire miroiter la richesse, en ménageant les riches qui n'aiment pas plus que ça s'exhiber, tout en ne voulant pas avouer une baisse. Or cette baisse est toute relative, car elle exprime la difficulté d'évaluer le patrimoine réel de ces gens-là, la bourse ayant connu de fortes fluctuations en 2015 (les valeurs boursières ont baissé de 20 % en un an). Donc l'évaluation de Challenges serait plutôt le signe d'une progression des fortunes, si en valeur absolue le montant global du patrimoine est resté à peu près le même. Un vent favorable, ça tient tellement à peu, et le portefeuille d'actions explose.
Le Fmic !
En tous cas, les 12 plus riches ont vu, eux, leur patrimoine s'accroître de 28 milliards en un an (et ils sont passés de 20 Mds en 1996 à 194 Mds aujourd'hui, patrimoine qui a presque décuplé en 20 ans). Et cette légère stagnation des 500 ne doit pas dissimuler le fait que leur fortune a progressé de 18 % en deux ans, de 15 % en 2014, de 25 % en 2012 (voir Challenges du 10 juillet 2014) . Le magazine note que pour entrer dans le palmarès il faut désormais posséder 100 millions d'euros : en 2014, il fallait posséder 74 millions pour faire partie du club des 500. Avec un tact certain, le magazine nomme ce niveau de richesse le Fmic : "fortune minimum d'insertion dans le classement" ! Le Smicard qui devra vivre plus de 7000 ans pour atteindre ce niveau de fortune (sans rien dépenser pendant cette éternité) appréciera.
Challenges glisse en passant que Mme Bettencourt, à l'époque du bouclier fiscal instauré par Nicolas Sarkozy, échappait à l'ISF. Sans toutefois, nous rappeler ce que Le Canard enchaîné avait révélé à savoir que le fisc avait dû rembourser 30 millions d'euros à la dame, toujours pour la même raison.
Challenges loue Pierre Gattaz qui a si gentiment répondu aux questions que le magazine lui posait. Et étrille François Hollande qui "n'aime pas les riches", sorte de sparadrap du capitaine Haddock.
Le gratin du gotha
Laurence Parisot à Saint-Barth
Nous
avons droit à peu près aux mêmes chapitres chaque année : les riches
vivent parfois dans des enclos bien gardés. Une année c'était la villa
Montmorency (où le "gratin du gotha", Bolloré,
Afflelou, Lagardère, Sarkozy-Bruni, se cache des regards des manants) ou
la villa Saïd, à Paris. L'avenue du Monopoly (Foch) où tel immeuble est
estimé à 1,7 milliard. Cette fois-ci c'est la rue de Grenelle qui est à
l'honneur, dans le VIIème arrondissement où se dissimulent de luxueuses
résidences à 23 millions d'euros. Et comme ces richesses exorbitantes
il faut bien les dépenser un peu, alors petit tour dans les paradis
perdus, pas pour tout le monde : Saint-Barth, sur un rocher des
Caraïbes, prisé, entre autres, par Laurence Parisot qui y possède une
"mai-son".
Ce que cette liste nous donne à voir c'est que beaucoup de
titulaires de fortunes sont des héritiers. L'idéologie de beaucoup
d'entre eux (déversée sans cesse dans nos médias par des propagandistes
parfois eux-mêmes héritiers comme Nicolas Beytout, ex-Les Échos, aujourd'hui patron de L'Opinion ou Ghislaine Ottenheimer, la dame de Neuilly, justement directrice de la rédaction de Challenges),
c'est le self-made-man, celui qui a le sens des initiatives, de
l'audace (mot qu'ânonne sans cesse Mme Ottenheimer), qui s'est construit
avec la force du poignet : il faut accréditer l'idée que c'est la
volonté, le courage, la prise de risque qui seraient à l'origine de ces
succès. Or ce n'est pas le cas de Parisot, ni de Gattaz, ni
d'Ernest-Antoine Sellière, et le palmarès nous rappelle opportunément
que parmi les 12 premiers, 9 sont des héritiers (Bettencourt, Arnault,
Mulliez, Hermès, Dassault, les frères Weitheimer, Pinault, Bolloré et
Perrodo) soit les 3/4 !Comme récemment Valeurs actuelles, Challenges, juste avant de consacrer un article à l'ISF dans ce dossier, publie une page de publicité en faveur de la Fondation Caritas France, avec ce slogan : "Créer sa fondation orientée pauvreté et exclusion". On fait fort dans le cynisme. Peut-être parce que l'on a mauvaise conscience : alors on va chercher des philosophes, moralistes sans éthique. Pascal Bruckner qui a osé écrire : "il n'est rien de choquant à ce que des personnes célèbres ou riches consacrent une partie de leur temps aux indigents, façon de remercier la fortune des bienfaits dont elle les a gratifiées". Pour lui, "diffamer les donateurs dans des pamphlets furieux est une satisfaction aussi creuse que frivole". Et de glorifier Bill Gates, "le héros de l'offrande spectaculaire assortie d'une grande modestie dans le maintien" (La sagesse de l'argent, Grasset). Et André Comte-Sponville de venir à la rescousse en décanillant Merci patron !, film trop simpliste à son goût. Il lui reproche de n'offrir qu'"une approche morale, pour des problèmes surtout économiques". Il est vrai qu'il a publié en 2007 Le capitalisme est-il moral ?, qui prenait acte que l'économie a ses lois, et la morale les siennes.
Morale de cette histoire qui défrisera Comte-Sponville : la possession de telles fortunes n'est pas seulement immorale parce qu'elles sont le plus souvent héritées (quitte à ce que le désormais titulaire ait su la faire fructifier) mais par le fait même qu'elles atteignent de tels montants. On ne rappellera jamais assez qu'un individu qui a épuisé tous ses droits au chômage, et qui galère au RSA, perçoit officiellement 524,68 € par mois, amputés aussitôt de 61,67 € s'il perçoit par ailleurs une allocation-logement. Soit une allocation de 463,01 € par mois s'il n'y a aucune autre ressource. Et le Smic est à 1143,72 € nets mensuels.
Même Challenges est gêné aux entournures : alors le magazine fait un geste, il cite Philippe Askenazy qui, dans Tous rentiers ! Pour une autre répartition des richesses (Odile Jacob), constate que les "riches finissent par lasser et choquer" en captant une part croissante du revenu national. Challenges interroge également Gabriel Zucman, auteur d'un passionnant ouvrage sur La richesse cachée des nations, Enquête sur les paradis fiscaux (La République des idées, Le Seuil, 2013). Il constate que les fortunes supérieures à 100 millions d'euros affichent "un rythme de croissance effréné" : de 8 à 10 %. Alors beaucoup s'évadent fiscalement : il évalue à 8635 milliards de dollars les fortunes (mondiales) personnelles détenues en Suisse, Îles Caïmans, Singapour ou Luxembourg, soit 41 % d'augmentation entre 2011 et 2014. Je note que dans son livre il donnait le chiffre de 5800 milliards $ pour 2013 (masse d'argent dissimulé sur les 73000 milliards de patrimoine mondial financier). C'est dire la progression de cette arnaque sur le dos des citoyens qui règlent leurs impôts au centime près.
La seule France aurait 500 milliards $ évadés (590 milliards d'euros, dit Antoine Peillon, grand reporter au très gauchiste journal la Croix) : ce qui prive le fisc français d'au moins 85 milliards d'euros chaque année, sans doute davantage. Soit un montant supérieur au déficit du budget de l'État. Or les économistes en cour ne cessent d'expliquer que c'est parce que le Smic est trop élevé et le RSA distribué à trop d'assistés que l'économie va mal (l'évasion fiscale c'est pourtant 10 fois le budget du RSA). Jamais les Beytout, Dessertine, Ottenheimer, Lenglet, Fiorentino, (Jean-Marc) Daniel, Verdier-Molinié, Sylvestre et bien d'autres, qui chassent en escadrilles, tous ces détricoteurs du droit social au service des oligarques, ne vous diront que l'économie française est ainsi délestée. Ni non plus que les fortunes démesurées recensées par le palmarès de Challenges sont intolérables en démocratie.
. Challenges, du 7 juillet au 24 août 2016.
Ajout du 12 août :
Inégalités de revenus et Capital
Dans Le Capital au XXIème siècle, Thomas Piketty démontre que les inégalités de revenus s'accroissent quand les revenus du capital augmentent plus vite que la croissance. Un économiste du FMI vient d'essayer de démontrer qu'il n'en est rien, à partir d'une étude effectuée sur 19 pays développés. Et qui annonce en premier cette info en France ? : Challenges sur son site le 9 août. Il faut aller voir sur Le Monde ou Les Échos pour découvrir que l'économiste se demande tout de même si à plus long terme la thèse de Piketty ne pourrait pas être vérifiée. On attend cependant la réponse de Piketty.
Sur ces questions des inégalités, à noter que Joseph Stiglitz, Prix Nobel d'économie, a déclaré en septembre 2015 : "Les inégalités sont à l’origine de la crise et freinent la reprise des pays industrialisé". Et aussi : "Les inégalités résultent de choix politiques, et non d’une mondialisation échappant aux Etats, comme on l’entend parfois."
Contact : yves.faucoup.mediapart@sfr.fr
Lien avec ma page Facebook
Tweeter : @YvesFaucoup
[Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Voir présentation dans billet n°100. L’ensemble des billets est consultable en cliquant sur le nom du blog, en titre ou ici : Social en question. Par ailleurs, tous les articles sont recensés, avec sommaires, dans le billet n°200]
mardi 19 juillet 2016
Le Grand Paris, voie express pour la spéculation immobilière ?
Le
Grand Paris Express prévoit à l’horizon 2030 de doubler le réseau
actuel de métro, avec environ 200 km de nouvelles lignes autour de
Paris.
De vastes projets urbains se préparent autour des gares du Grand Paris
Express. Un chantier colossal qui pourrait ne pas profiter à tous. Si
certaines collectivités encadrent le marché, d’autres le laissent faire.
Au risque d’une explosion des prix qui repoussera plus loin les
familles modestes. Enquête.
Le « kilomètre 1 » du Grand Paris Express a été lancé en grande pompe,
le 4 juin dernier, à Clamart (Hauts-de-Seine). Avec ballet de
tractopelles, valse d’élus et… Camélia Jordana. Deux tunneliers vont
plonger dans le sous-sol de cette ville des Hauts-de-Seine pour creuser
une partie de cette infrastructure de transport, présentée comme le «
chantier du siècle ». 200 km répartis sur quatre nouvelles lignes. 22
milliards d’investissement. 10 000 à 15 000 emplois directs par an pour
bâtir « le métro le plus digital du monde ». Et en surface aussi, cela
va s’agiter. De nombreux élus en profitent pour lancer de grands projets
urbains autour des 68 nouvelles gares programmées, avec un risque non
négligeable : faire monter les prix du foncier et de l’immobilier.
Une parodie de Paris, à la sauce Disney et couleur guimauve
C’est le cas à Clamart, où le maire UDI, Jean-Didier Berger, prévoit de
bâtir, sur 2,5 hectares, des immeubles néo-haussmanniens avec mansardes,
fer forgé, crépi rose, balustrades et toit en zinc. Une parodie de
Paris, à la sauce Disney et couleur guimauve. « Surtout, le maire va
vendre aux promoteurs une partie de la place de la gare, jusqu’ici
publique, pour qu’ils fassent de l’accession à la propriété », dénonce
Gérard Aubineau, élu PCF au conseil municipal. « C’est un eldorado pour
les promoteurs », préviennent aussi les élus de l’association Clamart
citoyenne (PG, Ensemble, EELV). Jeune professionnel de l’immobilier, le
maire de droite, lui, assume. L’arrivée prochaine du Grand Paris Express
doit être l’occasion, explique-t-il sur son blog, de « créer du
logement mais surtout de transformer l’image de la ville et la rendre
beaucoup plus attractive ». Traduction : d’« arrêter de ne faire que du
logement social ».
L’édile de droite n’est pas le seul à faire une offrande aux promoteurs
et à la gentrification. Au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), le maire
(LR), Thierry Meignen, a lancé fin juin un projet délirant pour
embourgeoiser sa ville et changer sa population.
Un « véritable Far West pour les promoteurs »
Un quartier de 720 logements serait créé à proximité d’une des deux
futures gares programmées sur sa commune pour, dit-il, « attirer les
Parisiens » et « ceux qui ne peuvent se loger dans la capitale ». À
terme, près de 1 700 habitants pourraient emménager dans cet ensemble de
50 000 mètres carrés. Un « village dans la ville », ose le maire dans
les colonnes du Parisien, avant de mettre en avant la faible proportion
de HLM (6 %) et le « style ancien » de l’ensemble. « Nous avions prévu
un projet à cet endroit, explique l’ancien maire PCF Didier Mignot, mais
il était bien plus modeste (200 logements), et comprenait 30 % de
logements sociaux. » Lui aussi déplore que sa ville soit devenue, depuis
quelques mois, un « véritable Far West pour les promoteurs ». Résultat,
depuis la modification du plan local d’urbanisme par la nouvelle
municipalité, des agents immobiliers ratissent les zones pavillonnaires
pour les informer qu’ils sont « mandatés par des promoteurs pour
identifier les opportunités de vente » dans leur quartier. Lesdits
promoteurs assurent vouloir « acquérir rapidement » dans cette zone, en «
valorisant les biens différemment du marché résidentiel traditionnel ».
En clair : vendez aux plus offrants, il y a de l’argent à se faire !
On se croirait dans le roman de Zola la Curée, qui voit Aristide Saccard
monter à Paris pour tirer profit des travaux d’Haussmann. « Quand le
premier réseau sera fini, alors commencera la grande danse », explique
cet homme d’affaires véreux obsédé par « le flot montant de la
spéculation ». La métropole parisienne du XXIe siècle sera-t-elle le
Paris du second Empire ? Un espace, comme l’écrivit Zola, « haché à coup
de sabre, les veines ouvertes, nourrissant cent mille terrassiers et
maçons, traversé par d’admirables voies stratégiques qui mettront les
forts au cœur des vieux quartiers » ? On pourrait le croire, ces
derniers temps. Un jeune agent immobilier, rencontré il y a quelques
semaines à Saint-Ouen, nous confiait qu’il avait acheté plusieurs
appartements à Carrefour-Pleyel, à Saint-Denis, en raison du
prolongement de la ligne 14 et de la construction annoncée d’une gare
métropolitaine. Il attend tranquillement de récolter plusieurs fois la
mise lorsque ce quartier deviendra le centre névralgique du Grand Paris.
Un film à la gloire du Grand Paris pour séduire les investisseurs
Et puis, il y a eu l’affaire, l’an dernier, des anciens studios de la
SFP. Un marchand de biens a racheté ce haut lieu du cinéma et de la
télévision trois fois plus cher que le prix du marché. Adossé à des
investisseurs brésiliens, il espérait faire une belle plus-value grâce à
cet immense espace jouxtant la future gare de Bry-Villiers-Champigny,
dans le Val-de-Marne. Une formidable mobilisation du milieu du cinéma et
des élus locaux a empêché pour un bon moment que ces décors de film ne
se transforment en juteuse opération immobilière. Qu’en sera-t-il en
2022 ?
La construction des gares va accroître, à long terme, l’attractivité de
leur quartier d’implantation, reconnaît Benoît Labat, directeur de la
valorisation et du patrimoine à la Société du Grand Paris, structure
publique chargée de bâtir les futures gares. Mais il nuance aussitôt : «
Nous ne constatons pas d’emballement des prix des fonciers aux abords
des futures gares. Bien au contraire. Les prix, en moyenne, ont plutôt
baissé et le marché est atone, ce qui nous a permis d’acquérir des
parcelles pour les futures gares sans trop de difficulté. » En moyenne,
c’est vrai, les prix sont passés de 4 590 euros du m2 à 4 515 euros
entre 2011 et 2014, analyse une note de conjecture de l’Observatoire
régional du foncier (ORF), publiée fin 2015. À peine 9 quartiers, sur
les 68 où s’arrêtera le supermétro, ont vu leurs prix augmenter par
rapport au prix moyen du reste de leur commune. Mais c’était il y a deux
ans… « Un nouveau réseau de transport n’entraîne pas automatiquement
une hausse des valeurs foncières et immobilières », rappelle Martin
Omhovère, chargé des études à l’ORF. Pour le chercheur, l’attractivité
d’un quartier dépend d’énormément de paramètres : « La présence
d’aménités, d’espaces verts, de services publics, la qualité du bâti,
l’environnement ont parfois des effets plus importants que l’arrivée
d’une nouvelle solution de transport… » Raison pour laquelle il ne se
passera rien dans certains quartiers, prévient Vincent Renard, chercheur
et spécialiste des questions foncières. « Le territoire francilien est
très diversifié, et beaucoup de gares se trouvent dans des zones vides,
sans activité, des lieux morts ! »
Un autre facteur va jouer aussi un rôle non négligeable : le temps. « Il
faut attendre 2027 pour voir certaines gares achevées, explique Benoît
Labat. Pour le grand public, comme pour les professionnels de
l’immobilier, c’est très loin. Les mentalités ne changent qu’à partir du
moment où les travaux démarrent réellement. » Tout va donc changer cet
été. Outre le lancement officiel du chantier, la préfecture
d’Île-de-France prévoit de diffuser un clip à la gloire des
investissements du Grand Paris dans toutes les villes d’Île-de-France et
auprès de toutes les ambassades étrangères. La hausse des prix risque
donc d’être imminente. « Si les signes de reprise d’activité devaient se
confirmer, la question de l’offre foncière mobilisable pour la
construction se posera avec une acuité nouvelle », souligne d’ailleurs
la note de conjecture de l’ORF.
Les pouvoirs publics, de leur côté, auraient dû profiter de ce grand
projet pour mettre en place des outils puissants d’intervention
publique, au niveau de la métropole, pour encadrer le marché foncier,
souligne d’ailleurs Vincent Renard : « Des solutions existent, comme la
dissociation du sol et du bâti (qui déconnecte le prix de l’immobilier
du foncier, qui reste propriété publique – NDLR), les instruments
législatifs aussi, mais il y a une espèce de passivité devant le
principe même de la propriété publique des sols. » De même, si des
ressources propres ont été allouées à la Société du Grand Paris pour
construire le supermétro, celle-ci ne dispose que de peu de moyens pour
mener des opérations d’aménagement et encadrer le marché immobilier. «
La loi ne nous a pas donné de compétences pour cela, il revient aux
communes, et aux intercommunalités franciliennes, à compter de 2017, de
maîtriser leur territoire », constate Benoît Labat.
« Nous prenons très au sérieuxle risque de spéculation »
De fait, les collectivités ont des armes pour agir, et peuvent aussi
s’appuyer sur l’établissement foncier d’Île-de-France pour réserver
certains terrains et créer des logements abordables aux abords des
gares. Mais certaines d’entre elles choisissent délibérément de laisser
faire le marché, comme au Blanc-Mesnil. Elles sont soutenues par Valérie
Pécresse, présidente de la région Île-de-France, qui a décidé d’arrêter
de subventionner le logement social dans les villes qui en comptent
déjà plus de 30 %, ce qui est le cas dans les villes de première
couronne qui vont recevoir le Grand Paris Express. « Elle nous dit sans
cesse qu’elle veut faire un “Grand Paris de l’innovation”. Mais
l’innovation, ce serait une métropole qui résorbe les inégalités
sociales et territoriales créées par le marché ! En Seine-Saint-Denis,
nous avons obtenu des gares pour désenclaver de nombreux quartiers,
comme à Clichy-Montfermeil, Aulnay ou Sevran-Beaudottes. Il ne faudrait
pas que ce projet repousse encore plus loin les populations les plus
modestes », plaide Didier Mignot, élu communiste à la région.
Située à deux stations de Clamart sur la future ligne 15 sud, la ville
de Bagneux (Hauts-de-Seine) a signé, le 5 juillet, une nouvelle charte
avec une trentaine de promoteurs et d’opérateurs de la construction. Le
but ? Fixer un plafond moyen aux appartements vendus sur sa commune, à
4 150 euros le m2, dans un secteur situé autour des futures gares.
Chaque promoteur devra proposer des formations aux futurs
copropriétaires, financer des activités culturelles, respecter des
exigences de qualité, avec des espaces partagés dans les immeubles, le
rattachement à la géothermie, etc.
Même volontarisme du côté de Plaine Commune, qui regroupe neuf villes
autour de Saint-Denis et d’Aubervilliers. « Nous prenons très au sérieux
le risque de spéculation, mais nous utilisons tous les moyens possibles
pour la maîtriser », explique son président, Patrick Braouezec.
L’intercommunalité préempte un bien lorsque les prix de vente sont trop
élevés. Elle a aussi créé une société d’économie mixte avec
l’établissement foncier d’Île-de-France, la Foncière Commune, pour
constituer des réserves foncières et anticiper les éventuelles hausses
de prix. À l’œuvre depuis des années, cette politique produit des
résultats : un programme neuf au pied de la station Front-Populaire
(ligne 12), récemment inaugurée, sort de terre à 3 500 euros du m2. À
Paris, à 300 mètres à peine, et sans métro à proximité, le prix monte à
8 000 euros… « Ce n’est pas un hasard, insiste Patrick Braouezec. C’est
parce qu’il y a une volonté politique de Plaine Commune de lutter contre
la spéculation foncière et immobilière que nous arrivons à de tels
écarts. »
Le Grand Paris fera la publicité de Vinci et de sa « smart city ». Il n’y a pas que le métro qui fera une boucle autour de Paris. Mais aussi les données. Le « métrole plus digital du monde », explique la Société du Grand Paris (SGP), anticipe de nouvelles synergies entre digital et transport. Des réseaux de fibres optiques de grande capacité longeront les 200 km de voies. Au profit de qui ? En connectant logements, gares et entreprises, ces réseaux seront « le support de nouveaux services ». Pas seulement publics… La SGP cite en exemple la livraison de plats cuisinés. Les multinationales aussi sont sur les rangs. À Champs-sur-Marne, Vinci a passé un accord avec l’aménageur public pour développer un programme de 21 500 m2, où la société contrôlera tous les services urbains. Une « smart city » qui servira de vitrine mondiale pour toutesles innovations du groupe.
source : L'Humanité du 13 juillet 2016.
lundi 11 juillet 2016
mercredi 6 juillet 2016
Loi « travail ». Les députés Front de gauche déposent une motion de censure
Mardi, 5 Juillet, 2016
Humanite.fr
Le
groupe des députés Front de gauche annonce qu'il dépose une motion de
censure après le recours à l'article 49-3 par Manuel Valls pour adopter
en force la loi de précarisation du travail.
« La droite a annoncé qu’elle ne déposerait pas de motion de censure suite à l’utilisation du 49-3 par le gouvernement sur le projet de loi Travail. Cette annonce n’est pas une surprise. Elle ne fait que confirmer le consentement tacite de la droite à cette réforme qu’elle aurait rêvé d’écrire. Désormais, il ne reste qu’une seule option aux députés qui souhaitent le rejet
de ce texte : déposer leur propre motion de censure. Nous avons proposé, comme en première lecture, une motion de censure de gauche : préalable incontournable au rejet de ce texte.»
Les députés Front de gauche.
mercredi 22 juin 2016
Communiqué CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL
Loi travail : Les organisations obtiennent le respect du droit de manifester
Le Gouvernement avait franchi un nouveau cap dans sa volonté de bâillonner le mouvement social, en interdisant la manifestation parisienne du 23 juin.
Cette décision représentait une remise en cause grave d'une liberté fondamentale garantie par la constitution : le droit à manifester.
Les organisations ont toujours affirmé leur volonté de manifester pacifiquement.
Après des discussions serrées avec le Ministre de l’Intérieur, les organisations syndicales et de jeunesse ont obtenu le droit de manifester à Paris le 23 juin, sur un parcours proposé par le Ministre de l’Intérieur, ainsi que l’autorisation de manifester le 28 juin, selon des modalités à discuter avec la Préfecture.
Les organisations syndicales et de jeunesse ne se laisseront pas détourner du coeur du problème qu'est le projet de loi travail.
Un projet de loi largement rejeté par une majorité de français, sondage après sondage, mobilisation après mobilisation.
Un projet de loi visant le dumping social, rejeté par la majorité des organisations représentatives du pays et imposé aux forceps aux parlementaires par le 49/3 et la menace de l'utiliser de nouveau.
Les organisations syndicales et de jeunesse appellent les salarié-es, les jeunes, les privé-es d’emploi et les retraité-es à participer à la votation.
Les organisations syndicales et de jeunesse affirment, depuis le début, leur disponibilité pour faire des propositions concrètes, porteuses de progrès social et de nouveaux droits.
Le Président Hollande n'a toujours pas répondu à notre lettre commune adressée le 20 mai dernier.
Le Président Hollande n’a d’autre issue, pour sortir de cette impasse, que de réunir les organisations syndicales et de jeunesse très rapidement.
Les organisations syndicales et de jeunesse appellent les salarié-es, jeunes, privé-es d’emploi et les retraité-es à participer massivement aux manifestations des 23 et 28 juin.
Montreuil, le 22 juin 2016
lundi 20 juin 2016
Théâtre 25 juin
Samedi 25 juin 2016 à 16h
ART STUDIO THEATRE
Compagnie conventionnée par la Région Ile de France
Chantier Cultures alternatives -
Sur les pas des créateurs inconnus
Rencontre et dialogue avec
Kazem Shahryari
À l’occasion de la parution de son dernier recueil de poésie aux éditions Lettres Persanes
Et le Concert Poème de l’Ensemble
TELA
AvecEnzo Barbieri (Guitare)
Thomas Pelle (Guitare)
Lio Teste (Batterie)
Armane Shahryari (Chant)
Kazem Shahryari est poète, dramaturge et
metteur en scène citoyen du monde né à Kermanshah (Iran), directeur
artistique de l’Art Studio Théâtre.
Ses activités théâtrales et poétiques l’ont contraint à l’exil. C’est
ainsi qu’il a interrompu son travail en faveur de la liberté à Téhéran
pour le continuer… à Paris. Et s’il n’a pas choisi l’exil, il a
certainement choisi un jour d’habiter la langue française. Il a obtenu
le Premier Prix du Festival International de Poésie d’Oradea (Roumanie
1999) comme poète de langue française et a été désigné meilleur poète
par l’International Poetry Translation and Research Centre (Chine 2012).
ENCORE UNE NUIT
ET ARTICULER
Le voyage de cette nuit La transparence du feu La danse de l’aiguisement des flammes Les geignements de tout ce qui nous échappe Le voyage de cette nuit C’est de l’art du passé Du présent et De l’avenir C’est l’esprit de mes mains humaines Qui traverse toutes les dimensions Solides et ténébreuses De notre histoire Et qui se fond en syllabes Une aube Dans le mur du monde Ce voilier sans volonté Qui se tourne toujours autour de point zéro C’est l’esprit de mes mains humaines Qui se fond en syllabes Un langage pour des vents contraires A endormir pour veiller A se réveiller pour rêver A marcher pour attendre A se déplumer pour voler A adorer la source Pour goûter la nudité D’une goutte d’eau Pour se fondre en syllabes Et Articuler Un choc Une blessure inguérissable Une pensée Encore une nuit Tranquille
Art Studio Théâtre : 299 rue de Belleville
Entrée par 120 bis rue Haxo
75019 Paris
M° Télégraphe ou Porte des Lilas
Réservations : 01 42 45 73 25
lettrespersanes@orange.fr
Entrée libre sur réservation
vendredi 17 juin 2016
Nous continuerons à manifester
Pour une trentaine d'intellectuels dont Etienne Balibar et Jacques Bidet, la menace de l'exécutif d'interdire des manifestations à Paris est une raison de plus pour se révolter.
L’attaque délibérée de forces de police et les actes de
dégradations d’édifices publics et privés sont clairement réprouvés par
les syndicats organisateurs de ces rassemblements.
Il y a aujourd’hui sans doute de multiples raisons de se
révolter. Mais les conduites d’agression et de destruction ne peuvent
avoir pour résultat que de tourner l’opinion publique contre le
mouvement social. Elles font le bonheur du pouvoir, qui les encourage en
leur donnant une publicité constante et démesurée, dont l’objet est de
rendre illisibles et d’occulter toutes les formes d’expression du
mouvement social.
Nous condamnons avec force ces amalgames et
manipulations de l’opinion publique. Et nous appelons à la défense du
droit de manifester.
Exactions policières
Ce gouvernement joue délibérément la carte de la
tension et même davantage : l’option de la provocation irresponsable
contre les manifestants, encerclant et bousculant brutalement les
cortèges pacifiques, sans égard pour les journalistes, les lycéens jeunes, les salariés âgés, les retraités. Quand a-t-on
vu cela dans ce pays ? C’est insupportable, intolérable, indigne. De
telles exactions policières, personne n’avait imaginé qu’elles
deviendraient la règle sous ce quinquennat.
Il y a là une stratégie constante, engagée depuis l’arrivée de M. Valls au ministère de l’Intérieur et poursuivie aujourd’hui.
Tu es à Sivens. Un jeune type, fac de biologie, t’as les
mains en l’air. Aucune sanction, pas d’excuse de M. Valls. Mort pour
avoir dit non. Pacifiquement. Tu t’appelles Rémi Fraisse. Le tir de
grenade t’arrache le visage. C’était il y a un an.
Le droit de dire «non»
Tu es écolo, c’est la COP 21. Tu vis à Rouen, à Rennes, à
Bordeaux, à Paris, à Nantes. C’est sûr qu’avec tes quinze potes, tu
constitues une menace grave pour la République. Tu veux juste dire aux
puissants de la COP : «cette fois, pas comme à Kyoto, respectez vos engagements !».
Tu es fou ou quoi ? À 6 heures du matin, des policiers forcent ta
porte. Tout de suite, tu es allongé par terre, ils cassent tout chez
toi, éventrent les matelas. Tu es un danger parce que tu veux
manifester ? Tu es assigné à résidence, ils reviennent après, de temps
en temps.
Tu es ouvrier. À Goodyear. Ou ailleurs, vraiment l’embarras
du choix. Tu es licencié. La suite, tu l’as direct devant les yeux :
les crédits, tu peux plus payer, la maison, non plus, du boulot, pas
avant longtemps; tu t’en sortais à peine, c’est la galère pour
longtemps. Pourquoi ? Parce que t’es ouvrier ? Parce que ta «boîte» fait
des profits, mais en veut toujours plus. Plus pour qui ? Tu résistes.
Tu retiens un DRH. Direction Palais de justice. Tu es criminel de
résister. Tu es criminel d’être un syndicaliste qui résiste. Mais un
syndicaliste, ça doit faire quoi ?
Et il faut dire : etc. Et il faut croire qu’est de gauche
ce gouvernement qui autorise ces violences ? Jusqu’où ira-t-il ? Un
autre Malik Oussekine ?
Qui croit-il impressionner ? Sinon lui-même. Pour un
instant s’imaginer matador, viril, martial. Il n’est qu’apeuré. Et en
tous cas, nous n’allons pas laisser tomber les droits de dire non. Ils
viennent des luttes d’hier menées par toute la gauche. Nous continuerons
à manifester.
Signataires
Etienne Balibar (philosophe), Jacques Bidet (philosophe), Jérôme Bourdieu (économiste), Christophe Charle (historien), Benjamin Coriat (économiste), Christine Delphy (sociologue), Eric Fassin (sociologue), Olivier Fillieule (sociologue), Bastien François (politiste), Jean-Marie Harribey (économiste), Sabina Issehnane (économiste), Esther Jeffers (économiste), Pierre Khalfa (coprésident de la Fondation Copernic), Rose-Marie Lagrave (sociologue), Frédéric Lebaron (sociologue), Philippe Légé (économiste), Dany Lang (économiste), Willy Pelletier (sociologue), Jonathan Marie (économiste), Gérard Mauger (sociologue), Christian de Montlibert (sociologue), Léonard Moulin (économiste), Gérard Mordillat (romancier), Gisele Sapiro (sociologue), Johanna Siméant (politiste), Violaine Roussel (politiste), Christian Topalov (sociologue)
Etienne Balibar (philosophe), Jacques Bidet (philosophe), Jérôme Bourdieu (économiste), Christophe Charle (historien), Benjamin Coriat (économiste), Christine Delphy (sociologue), Eric Fassin (sociologue), Olivier Fillieule (sociologue), Bastien François (politiste), Jean-Marie Harribey (économiste), Sabina Issehnane (économiste), Esther Jeffers (économiste), Pierre Khalfa (coprésident de la Fondation Copernic), Rose-Marie Lagrave (sociologue), Frédéric Lebaron (sociologue), Philippe Légé (économiste), Dany Lang (économiste), Willy Pelletier (sociologue), Jonathan Marie (économiste), Gérard Mauger (sociologue), Christian de Montlibert (sociologue), Léonard Moulin (économiste), Gérard Mordillat (romancier), Gisele Sapiro (sociologue), Johanna Siméant (politiste), Violaine Roussel (politiste), Christian Topalov (sociologue)
lundi 6 juin 2016
Pantin livré aux promoteurs !!!
Dans
la continuité d'un combat mené depuis de nombreuses années par
l'association, notamment en octobre dernier à l'occasion de l'enquête
publique de la modification n°5 du PLU, nous lançons aujourd'hui une pétition qui sera adressée
- aux élus d'Est Ensemble (en charge de l'urbanisme de l'agglomération depuis le 1er janvier dernier),
- aux élus de la municipalité de Pantin porteurs du projet d'aménagement, @
- et aux Architectes des Bâtiments de France.
Comme de nombreux pantinois, nous
demandons que le Bougnat au 39 rue Hoche ne soit pas détruit et soit
intégré dans le projet d'aménagement de la rue et de la place Olympe de
Gouges (plus d'information sur: http://sauvonslebougnatpantin.wesign.it/fr)
Nous vous invitons à signer cette pétition sur http://sauvonslebougnatpantin.wesign.it/fr, à la diffuser par e-mail à vos contacts et à la relayer sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter).
En vous remerciant par avance,
Bien cordialement,
Le bureau de l'association
>
PANTIN PATRIMOINE
52ter, rue Victor Hugo - 93500 Pantin
> pantinpatrimoine@gmail.com
> pantinpatrimoine@gmail.com
>
samedi 4 juin 2016
Pétition contre l'aéroport NDDL
Pour appeler les électeurs de la Loire atlantique à dire "non" au projet inutile d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes lors de la consultation du 26 juin, vous pouvez signer la pétition en ligne ici :
Consultation Notre Dame des Landes du 26 juin
Nous avons toutes et tous une bonne raison de dire NON !
mercredi 25 mai 2016
manifestation jeudi 27 mai !!!
Toujours déterminé-es : Amplifier la mobilisation, faire respecter la démocratie !
vendredi 20 mai 2016
Après plus de deux mois de mobilisation des
salarié-es, des jeunes, des privé-es d’emploi et des retraité-es, la
mobilisation se poursuit et s’amplifie comme le montre cette journée du
19 mai.
Cette semaine, le développement d’actions, de grèves dans de nombreux secteurs et de blocages pour obtenir le retrait du projet de loi travail et l’obtention de nouveaux droits, montre que la détermination reste intacte.
L’opinion publique reste massivement opposée à cette loi Travail et à l’utilisation autoritaire du 49.3 par le gouvernement.
Le gouvernement n’a pas d’autre issue que celle du dialogue avec les organisations qui luttent pour le retrait de ce projet de loi et pour être écoutées sur les revendications qu’elles portent. C’est pourquoi les organisations CGT, FO, FSU, Solidaires et les organisations de jeunesse, UNEF, UNL et FIDL en appellent solennellement au Président de la République.
Des secteurs professionnels sont engagés dans un mouvement de grève reconductible, d’autres vont entrer dans l’action. Les organisations appellent le 26 mai prochain à une journée nationale de grève, manifestations et actions.
Les organisations décident de renforcer l’action par une journée de grève interprofessionnelle avec manifestation nationale à Paris le 14 juin, au début des débats au Sénat. Elles appellent à multiplier d’ici là, sur tout le territoire, des mobilisations sous des formes diversifiées.
Elles décident également une grande votation dans les entreprises, les administrations et les lieux d’étude qui se déroulera dans les semaines à venir en parallèle au débat parlementaire afin de poursuivre avec les salarié-es et les jeunes les débats sur la loi Travail, obtenir le retrait de ce texte pour gagner de nouveaux droits permettant le développement d’emplois stables et de qualité.
La loi doit notamment préserver la hiérarchie des normes, élément protecteur pour tous et toutes les salarié-es.
Cette votation sera remise lors d’un nouveau temps fort qu’elles décideront prochainement.
Les organisations invitent leurs structures à poursuivre la tenue d’assemblées générales avec les salarié-es pour débattre des modalités d’actions, de la grève et de sa reconduction.
Elles se retrouveront rapidement pour assurer l’organisation et la réussite de ces mobilisations et initiatives.
Les Lilas, 19 mai 2016
Cette semaine, le développement d’actions, de grèves dans de nombreux secteurs et de blocages pour obtenir le retrait du projet de loi travail et l’obtention de nouveaux droits, montre que la détermination reste intacte.
L’opinion publique reste massivement opposée à cette loi Travail et à l’utilisation autoritaire du 49.3 par le gouvernement.
Le gouvernement n’a pas d’autre issue que celle du dialogue avec les organisations qui luttent pour le retrait de ce projet de loi et pour être écoutées sur les revendications qu’elles portent. C’est pourquoi les organisations CGT, FO, FSU, Solidaires et les organisations de jeunesse, UNEF, UNL et FIDL en appellent solennellement au Président de la République.
Des secteurs professionnels sont engagés dans un mouvement de grève reconductible, d’autres vont entrer dans l’action. Les organisations appellent le 26 mai prochain à une journée nationale de grève, manifestations et actions.
Les organisations décident de renforcer l’action par une journée de grève interprofessionnelle avec manifestation nationale à Paris le 14 juin, au début des débats au Sénat. Elles appellent à multiplier d’ici là, sur tout le territoire, des mobilisations sous des formes diversifiées.
Elles décident également une grande votation dans les entreprises, les administrations et les lieux d’étude qui se déroulera dans les semaines à venir en parallèle au débat parlementaire afin de poursuivre avec les salarié-es et les jeunes les débats sur la loi Travail, obtenir le retrait de ce texte pour gagner de nouveaux droits permettant le développement d’emplois stables et de qualité.
La loi doit notamment préserver la hiérarchie des normes, élément protecteur pour tous et toutes les salarié-es.
Cette votation sera remise lors d’un nouveau temps fort qu’elles décideront prochainement.
Les organisations invitent leurs structures à poursuivre la tenue d’assemblées générales avec les salarié-es pour débattre des modalités d’actions, de la grève et de sa reconduction.
Elles se retrouveront rapidement pour assurer l’organisation et la réussite de ces mobilisations et initiatives.
Les Lilas, 19 mai 2016
mercredi 18 mai 2016
Démocratie : les conseillers du Président «rament» à contre-courant
Récit d’une rencontre au Palais entre des conseillers de l’Elysée et des sociologues. Quand l’incompréhension s’installe des deux côtés…
Mardi 3 mai 2016, à 20 heures au palais de l’Elysée :
trois conseillers du Président reçoivent des chercheurs en sociologie
politique pour une réunion de travail sur «la démocratie».
Chips, tomates cerises et dés de fromage en guise de bienvenue. On ne
lésine pas sur les efforts pour ne pas paraître trop dépensiers. Le
débat s’amorce sur la «crise de la démocratie» avec rapidement
une question de l’un des proches conseillers de Hollande : peut-on faire
un lien entre la fin des idéologies et la crise de la démocratie ?
Comme si le néolibéralisme, auquel se sont ralliés les socialistes,
n’était pas une idéologie. Nos hôtes se demandent «s’il se passe quelque chose [de nouveau] en ce moment»
et ce qu’ils pourraient proposer au Président en termes de démocratie
participative pour la dernière année de son mandat. Cette requête a de
quoi déconcerter, vu les renoncements successifs de l’exécutif depuis
quatre ans, entre état d’urgence, déchéance de la nationalité et passage
en force des lois les plus contestées sur les enjeux économiques et
sociaux. Peut-être faudrait-il déjà commencer par appliquer le programme
pour lequel il a été élu et respecter le débat parlementaire ?
Les chercheurs présents acceptent de jouer le jeu, en parlant de tirage au sort, de démocratie directe, de droit de vote des étrangers (au programme du PS depuis 1981). Aussi des Indignés, de Nuit debout et de Podemos. L’un d’entre nous avance une «utopie» : que la France et l’Europe soient à la pointe de l’innovation démocratique. Mais lorsque des pistes sont évoquées, comme tirer au sort les sénateurs, les yeux s’écarquillent. A plusieurs reprises, le plus proche conseiller de Hollande nous dit, grand sourire, son plaisir de «prendre l’air» avec ces échanges, alors qu’il passe la journée enfermé dans son bureau. Il se prête aussi à quelques confessions, comme ce «vous voyez, on galère» en conclusion de la réunion. Ou le récit de leur rencontre récente avec un spécialiste du droit du travail, suite à la contestation contre la loi El Khomri : «On en a pris plein la gueule, on aurait dû aller le voir avant.» Il aura donc été bien utile de convier des spécialistes de la démocratie avant d’avoir recours, une semaine plus tard, au 49.3 pour régler le sort de cette même loi.
La voie autoritaire n’est pourtant pas la seule solution lorsque les projets législatifs sont fortement contestés. En Andalousie, un député de Podemos, Juan Ignacio Yagüe, a proposé un dispositif original pour que les citoyens aient la possibilité de voter n’importe quelle loi au Parlement. L’idée a germé quand cet avocat a appris qu’une députée valencienne en congé maternité avait voté électroniquement plusieurs lois depuis chez elle. Il propose alors un système permettant aux citoyens soit de laisser faire leurs députés, soit de voter directement les lois sur Internet. Quand un citoyen s’exprime directement, sa portion de vote est décomptée à tous les parlementaires sans distinction. Il s’agit d’instaurer un droit de veto que «les citoyens exerceraient contre les lois qui leur portent préjudice. Ils obligeraient ainsi ceux qui dirigent et légifèrent à penser beaucoup plus à ce qu’ils vont faire, à faire des lois qui profitent à tous, sinon tout le monde s’y opposera».
Ce projet de «démocratie 4.0» n’est qu’une idée parmi les nombreuses autres qui ont fleuri avec le mouvement du 15 Mai (15-M) dont on vient de fêter les cinq ans. En Espagne, à partir du 15 mai 2011, les places publiques fourmillent de débats sur le renouvellement du système politique. Avec leur slogan «Ils ne nous représentent pas», les Indignés dénoncent la corruption des élus et leurs connivences avec les élites économiques. Ils revendiquent une «démocratie réelle» qu’ils expérimentent dans leurs assemblées. Cinq ans après l’occupation de la Puerta del Sol, on retrouve certains de ces Indignés dans les institutions. Comme Juan Ignacio Yagüe, qui a commencé à s’impliquer en politique avec le 15-M. Ou Pablo Soto, un hackeur trentenaire devenu élu à la participation à Madrid, qui a lancé plusieurs processus participatifs s’appuyant sur les outils numériques. Tous deux militent désormais à Podemos, parti qui a émergé début 2014 en s’appuyant sur une lecture du 15-M : le slogan «Ils ne nous représentent pas» ne signifie pas «personne ne nous représentera jamais», mais «ceux qui sont actuellement au pouvoir ne nous représentent pas». Il ne s’agit pas d’abandonner le principe de représentation, mais de l’articuler avec des formes d’implication directe des citoyens dans la décision. Et de faire en sorte que les représentants nous représentent vraiment. Les élus de Podemos s’engagent à ne pas gagner plus de trois salaires minimums, le Smic étant de 655,20 euros brut mensuels en Espagne. Cette mesure, peu incitative pour faire carrière en politique, l’est par contre pour augmenter le salaire minimum !
L’émergence des Indignés et de Podemos en Espagne s’explique notamment par une impasse électorale : les socialistes au gouvernement ne représentaient pas une alternative à la droite libérale, ni en termes d’intégrité des élus ni en matière de politiques économiques et sociales. Nous sommes aujourd’hui dans la même situation en France. Si Nuit debout n’a pas la même ampleur que le 15-M, le mouvement social actuel exprime bien, là aussi, d’autres manières de faire de la politique. Les conseillers du Président ont palpé cette aspiration, avançant même l’idée, à la fin de la réunion, d’une «COP 21 de la démocratie participative». Mais quelle serait la crédibilité, sur le terrain de l’innovation démocratique, d’un exécutif qui a fait usage de l’outil le plus autoritaire de notre Constitution ?
Héloïse Nez Maître de conférences en sociologie à l’université de Tours, auteure du livre Podemos, de l’indignation aux élections (Les Petits Matins, 2015).
Les chercheurs présents acceptent de jouer le jeu, en parlant de tirage au sort, de démocratie directe, de droit de vote des étrangers (au programme du PS depuis 1981). Aussi des Indignés, de Nuit debout et de Podemos. L’un d’entre nous avance une «utopie» : que la France et l’Europe soient à la pointe de l’innovation démocratique. Mais lorsque des pistes sont évoquées, comme tirer au sort les sénateurs, les yeux s’écarquillent. A plusieurs reprises, le plus proche conseiller de Hollande nous dit, grand sourire, son plaisir de «prendre l’air» avec ces échanges, alors qu’il passe la journée enfermé dans son bureau. Il se prête aussi à quelques confessions, comme ce «vous voyez, on galère» en conclusion de la réunion. Ou le récit de leur rencontre récente avec un spécialiste du droit du travail, suite à la contestation contre la loi El Khomri : «On en a pris plein la gueule, on aurait dû aller le voir avant.» Il aura donc été bien utile de convier des spécialistes de la démocratie avant d’avoir recours, une semaine plus tard, au 49.3 pour régler le sort de cette même loi.
La voie autoritaire n’est pourtant pas la seule solution lorsque les projets législatifs sont fortement contestés. En Andalousie, un député de Podemos, Juan Ignacio Yagüe, a proposé un dispositif original pour que les citoyens aient la possibilité de voter n’importe quelle loi au Parlement. L’idée a germé quand cet avocat a appris qu’une députée valencienne en congé maternité avait voté électroniquement plusieurs lois depuis chez elle. Il propose alors un système permettant aux citoyens soit de laisser faire leurs députés, soit de voter directement les lois sur Internet. Quand un citoyen s’exprime directement, sa portion de vote est décomptée à tous les parlementaires sans distinction. Il s’agit d’instaurer un droit de veto que «les citoyens exerceraient contre les lois qui leur portent préjudice. Ils obligeraient ainsi ceux qui dirigent et légifèrent à penser beaucoup plus à ce qu’ils vont faire, à faire des lois qui profitent à tous, sinon tout le monde s’y opposera».
Ce projet de «démocratie 4.0» n’est qu’une idée parmi les nombreuses autres qui ont fleuri avec le mouvement du 15 Mai (15-M) dont on vient de fêter les cinq ans. En Espagne, à partir du 15 mai 2011, les places publiques fourmillent de débats sur le renouvellement du système politique. Avec leur slogan «Ils ne nous représentent pas», les Indignés dénoncent la corruption des élus et leurs connivences avec les élites économiques. Ils revendiquent une «démocratie réelle» qu’ils expérimentent dans leurs assemblées. Cinq ans après l’occupation de la Puerta del Sol, on retrouve certains de ces Indignés dans les institutions. Comme Juan Ignacio Yagüe, qui a commencé à s’impliquer en politique avec le 15-M. Ou Pablo Soto, un hackeur trentenaire devenu élu à la participation à Madrid, qui a lancé plusieurs processus participatifs s’appuyant sur les outils numériques. Tous deux militent désormais à Podemos, parti qui a émergé début 2014 en s’appuyant sur une lecture du 15-M : le slogan «Ils ne nous représentent pas» ne signifie pas «personne ne nous représentera jamais», mais «ceux qui sont actuellement au pouvoir ne nous représentent pas». Il ne s’agit pas d’abandonner le principe de représentation, mais de l’articuler avec des formes d’implication directe des citoyens dans la décision. Et de faire en sorte que les représentants nous représentent vraiment. Les élus de Podemos s’engagent à ne pas gagner plus de trois salaires minimums, le Smic étant de 655,20 euros brut mensuels en Espagne. Cette mesure, peu incitative pour faire carrière en politique, l’est par contre pour augmenter le salaire minimum !
L’émergence des Indignés et de Podemos en Espagne s’explique notamment par une impasse électorale : les socialistes au gouvernement ne représentaient pas une alternative à la droite libérale, ni en termes d’intégrité des élus ni en matière de politiques économiques et sociales. Nous sommes aujourd’hui dans la même situation en France. Si Nuit debout n’a pas la même ampleur que le 15-M, le mouvement social actuel exprime bien, là aussi, d’autres manières de faire de la politique. Les conseillers du Président ont palpé cette aspiration, avançant même l’idée, à la fin de la réunion, d’une «COP 21 de la démocratie participative». Mais quelle serait la crédibilité, sur le terrain de l’innovation démocratique, d’un exécutif qui a fait usage de l’outil le plus autoritaire de notre Constitution ?
Héloïse Nez Maître de conférences en sociologie à l’université de Tours, auteure du livre Podemos, de l’indignation aux élections (Les Petits Matins, 2015).
vendredi 13 mai 2016
vendredi 29 avril 2016
Manifestations unitaires au 1er Mai
Manifestations unitaires au 1er Mai
A Paris, à 15h, de la Bastille à la Nation
A l’appel des organisation CGT - FO - FSU - Solidaires - UNEF - UNL - FIDL
Manifestation unitaire à Paris de la Bastille à la Nation à 15h.*
Manifestation unitaire à Paris de la Bastille à la Nation à 15h.*
mercredi 27 avril 2016
mardi 26 avril 2016
lundi 25 avril 2016
jeudi 28 avril contre la casse du code du travail
Et, après la manif, au ciné 104, à 20 H 15, à Pantin pour la
projection du film de Françoise DAVISSE "COMME DES LIONS"
sur le combat des PSA Aulnay suivi d'un débat !
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